ALERTE |En raison de la grève de Postes Canada, le ''Petit Journal'' est désormais disponible dans plusieurs points de distribution au village : Dépanneur Cantine du coin, Home Hardware, Bibliothèque, Salle Municipale, Bureau Municipal
C’est Napoléon-François-Eugène Le Brice de Kérouak qui a donné son nom à la paroisse. Il proposa un de ses prénoms à l’évêque de Trois-Rivières pour la nouvelle paroisse, celui d'Eugène, Ier pape. Curé de Saint-Guillaume d’Upton de 1855 à 1881, il fut l’un des leaders lors de la formation de Saint-Eugène.
Avant même que l’on ne prévoie d'implanter le village à l’endroit où il est situé actuellement, le moulin à scie de monsieur Wilson, appelé Moulin à feu, faisait déjà vivre bon nombre de journaliers, qui peu à peu, se mirent à défricher les terres à la frontière des Cantons d’Upton et de Grantham. De plus en plus nombreux au fil des années, un groupe d’habitants font une première requête pour qu’un prêtre résidant s’y installe et qu’on puisse ériger un bâtiment pour la pratique du culte. Après un premier refus, une nouvelle requête est faite en 1878. Jusque-là desservis par les curés de Saint-Germain et de Saint-Guillaume, qui célébraient des offices dans la demeure de Jérémie Rondeau ou celle de Ludger Bélisle, la population grandissante a maintenant besoin d’un édifice plus vaste.
Un site est alors désigné. Celui du lot 18, du treizieme rang de Grantham où une croix fut plantée le 6 mars 1878. Cet endroit, le plus élevé de la région, est un don de mme T. Brown Anderson. Ce cadeau est accepté par le curé Kérouak, nommé procureur spécial par Trois-Rivières.
Le coût d’une église est difficile à supporter pour un si petit nombre d’habitants. Heureusement, on apprend que la paroisse de Saint-André-d’Acton désire se départir de son ancienne église. On profite donc de cette occasion et 10 cultivateurs paient chacun 10 $ pour en faire l’acquisition. C’est une acquisition de taille. La nef mesure 100 x 45 pi et 20 pi de haut en plus d’une sacristie de 24 pi x 18. Encore faut-il la transporter sur 25 kilomètres! Monsieur le curé permet, même aux gens de la future paroisse, de travailler le 3e dimanche après Pâques pour préparer le terrain :
« Les gens qui ont fini leurs travaux et qui ont de bons chevaux doivent se montrer généreux et mettre les mains à cette bonne œuvre. J’espère qu’ils sauront comprendre ce que devoir de charité chrétienne. Le temps est venu et le chemin est favorable et l’ouvrage presse ».
Le vieux bâtiment est alors déménagé à Saint-Eugène.
Doté d’un tel édifice, il n’en fallait pas plus pour que le territoire de Saint-Eugène soit reconnu officiellement le 22 novembre 1878.
Pour compléter le nouvel édifice, on peut compter sur la générosité des communautés aînées. Une cloche de 232 lbs est donnée par le curé Tessier de Saint-Germain et Victoria Clément de Saint-Guillaume. Un peu plus tard, l’évêque permet l’érection d’un chemin de Croix dans l’église. Le mobilier est complété petit à petit : autel, statues, armoires, vestiaires proviennent tous de Saint-Théodore et de Saint-Zéphirin-de-Courval, gages de la fraternité de leurs pasteurs.
Des investissements sont aussi faits pour terminer l’intérieur et l’extérieur de la chapelle. En 1886, on dote l’église de nouveaux autels latéraux et on fait redécorer le maître-autel par Élie et Aimé Giard. Et en 1895, la Fabrique dote la chapelle d’un harmonium.
Cependant, en 1895, la paroisse compte plus de 1 000 âmes et l’édifice ne suffit plus pour contenir toutes les familles. Si bien que des enfants sont mêmes assis sur la Sainte-Table au cours des offices!
En 1902, Mgr Herman Brunault, évêque du diocèse de Nicolet, constate l’exiguité de la vieille chapelle et demande la construction d’une nouvelle église.
Le départ du curé Joseph Forcier en 1904 et l’arrivée de l’abbé P.G. Béliveau, deuxième curé résidant, font débloquer le dossier. Le nouveau curé sera un leader pour la construction de l’église actuelle. Connaissant déjà les lieux et les besoins pour y avoir été desservant quelques années auparavant, l’abbé Béliveau se met à la tâche.
Le 6 juillet 1905, l’évêque du diocèse note ceci… – « L’église de la dite paroisse est dans un tel état de vétusté qu’il n’est plus possible de la réparer, que d’ailleurs elle est trop petite pour contenir la foule qui s’y rend les jours consacrés au culte, ce qui gêne fort dans l’exercice des devoirs religieux … »
Le 28 juillet 1905, Mgr Brunault fixe les dimensions de la nouvelle église puis approuve les plans de l’architecte Louis Caron fils, de Nicolet, le 6 novembre de la même année. Les Caron furent les maîtres d’œuvre de la cathédrale de Nicolet et connaissaient bien les règles classiques de l’architecture.
On demande des soumissions pour déplacer la chapelle, la sacristie et le hangar en mars 1906. En avril, ces édifices sont déplacés vers l’arrière et le cimetière est relocalisé. L’ancienne sacristie servira de résidence au bedeau, puis de salle municipale durant plusieurs années. Quant à la chapelle, elle sera donnée, en 1907, à Magloire Marcoux, dont le moulin à scie a été victime des flammes. Elle sera par la suite démolie et disparaîtra pour toujours à l’été 1935.
La construction de l’église actuelle débute le 12 mai 1906. Sur cette photo, l’on peut voir les bâtisseurs à l’œuvre ainsi que la première église reculée, à gauche. Une cinquantaine d’hommes pouvaient œuvrer à la construction.
La bénédiction de la pierre angulaire sera faite le 1er juillet 1906, par le curé Béliveau.
La pierre de taille bouchardée, réservée aux ouvertures et aux angles, provient de Bécancour. Elle arrive par train, jusqu’à la gare de Saint-Eugène, à environ 4 kilomètres du village. Quant à la pierre plus rustique, elle aurait été tirée des coteaux rocheux qui affleuraient sur les terres des douzième et treizième rangs. Xavier Lafleur, forgeron de Saint-Eugène, aiguisait les mèches dont les tailleurs de pierres Maxime Duguay et Joseph Allard se servaient pour percer les trous, à force de bras…
Déjà, le 6 novembre, la première fumée sort de la cheminée de l’église, bien que celle-ci ne soit pas encore terminée : ce n’est seulement qu’en juillet 1907 que l’extérieur sera achevé. Les résultats du travail effectué jusqu’à maintenant sont impressionnants !
Le premier contrat étant terminé, il reste alors à parachever l’intérieur. Malgré les désirs du curé Béliveau, les tenanciers reportent les travaux, car les coffres sont vides… Avec une dette moyenne de 100 $ par citoyen, car l’emprunt à date est de 25 000 $ environ, on comprend qu’ils ne veuillent s’aventurer dans de nouvelles dépenses…
Les premiers offices se tiendront tout de même dans l’église dès le mois de juillet 1907. Que l’on s’accommode de l’état inachevé de l’église est une bonne chose en soit, car cela aura permis de récupérer une bonne partie du mobilier et des équipements de la première église. Ainsi, statues, estrades, bancs, autels seront transférés dans la nouvelle église. On fait même l’acquisition en 1908 d’une balustrade de style gothique provenant de l ‘église de Saint-Germain, pour le prix de 20 $.
L’inauguration officielle de l’église sera faite une année plus tard, par Mgr Herman Brunault, soit le 7 juin 1908 :
« Depuis la dernière visite, l’on a construit une nouvelle église avec sacristie en pierre, remarquable par son portique ouvert, sa maçonnerie et sa solidité. C’est l’une des plus belles église de campagne qu’il y ait au pays, donc la paroisse a raison d’être fière »
Remarquez sur cette photo l’absence de statues dans les trois niches de la façade.
Puis sur celle-ci, on retrouve l’ensemble des paroissiens réunis, vers 1910, avec le curé Benjamin Morin. C’est au cours de cette année que la statue du centre, celle de saint Eugène, 1er pape fut installée. Notez également la présence d’un important nombre d’enfants de chœur à l’avant. Les deux autres sculptures de 8’ seront installés au cours de l’année 1918.
Ces trois statues, encore splendides de nos jours, ont été réalisées par le célèbre sculpteur religieux Louis Jobin, de Sainte-Anne-de-Beaupré. Celle de droite représente saint Louis de Gonzague, patron de la jeunesse, soulignant la reconnaissance des jeunes hommes qui avaient évités la Première Guerre mondiale, et celle de gauche représente saint Isidore, patron des laboureurs, l’agriculture étant la principale activité des paroissiens d’alors…. Il n’est donc pas surprenant de voir chaque année voler autour de cette statue des dizaines d’abeilles qui viennent trouver refuge chez ce patron des agriculteurs…
Plusieurs années passeront avant que l’on décide de terminer l’intérieur de l’église et de concrétiser les plans de l’architecte Caron, fils.
Cette carte postale montre l’intérieur de l’église avant 1920. On y voit clairement que la finition n’est pas complétée : notez particulièrement les colonnes qui sont toujours dans leur état rustique, l’emplacement de la chaire fixée à l’une de ces colonnes et les bancs dépareillés.
La réalisation des bancs avait été confiée à Ambroise Duff de Saint-Eugène à raison de 10$ chacun. Ce dernier confectionna aussi la chaire et les deux confessionnaux. L’ornementation en bois sculpté est l’œuvre d’Adrien Leclerc. Ambroise Duff possédait une entreprise de portes et châssis qui était située sur la rue du Moulin.
En 1920, on débute donc les travaux de finition. Ils coûteront au total 27 833 $. Sont compris dans le parachèvement les dépenses pour les fournaises, le perron, les trottoirs et les bancs, la pose de la peinture et de la dorure. Cette dernière fait ressortir les détails de la sculpture et produit un effet de scintillement et de magnificence sous l’action de la lumière.
L’architecture de l’église de Saint-Eugène rappelle celle d’une cathédrale. Ce n’est pas étonnant, car plusieurs de celles-ci furent construites dans les années entourant la réalisation de l’église et des échos de l’allure de celles-ci sont certainement venus au oreilles des architectes. Divinité, royauté, beauté, grandeur et magnificence ont donc été les mots d’ordre lors de la finition de l’église.
L’élévation de la nef centrale avec sa large voûte en plein cintre évoque quand même l’élan d’une cathédrale. Toute son ornementation, quoique modeste, revêt un caractère sacré qui nous emporte vers les sphères célestes. Les panneaux cintrés à moulures filiformes et unies sont simplement ornementés d’une rosette à mouvement rayonné et légèrement en relief. Tandis qu’au sommet de chacune des travées l’on retrouve des attributs religieux différents mis en relief sur une couronne de nuages gracieux et dorés sous lesquels surgissent les gloires également dorées.
L’élévation latérale de la nef présente un système de colonnades qui paraissent dégagées du fait qu’elles ne supportent pas un entablement, mais plutôt des arcs en plein cintre. Le chapiteau de ces colonnes est orné d’oves, de rais de cœur, de perles et de pirouettes sculptées.
La voûte de la nef est sectionnée en 5 travées régulières quelque peu modifiées aux transepts pour devenir un réseau de triangles à la voûte du chœur. Cette dernière est supportée par 6 colonnes qui se détachent du mur plat de l’abside sur lequel s’adosse la sacristie.
Les bancs de chaque côté du cœur, ou stalles, sont les seules pièces du mobilier qui ont été exécutées comme les plans les représentent. Elles sont en merisier, ont un accoudoir élégant muni d’un siège avant et arrière et comportent une boiserie au mur rehaussée d’un ensemble ornemental avec une demi-rosace, deux consoles, une couronne.
Les bas-côtés comportent de longues fenêtres qui procurent une légère lumière teintée à travers les arcades majestueuses.
L’église de Saint-Eugène est un bâtiment d’une grande solidité. Il mesure 150 pi par 60, tandis que les tours s’élèvent jusqu’à 118 pi. Elle prend la forme d’une croix latine. Les transepts qui excèdent de 15 pi chaque côté donne encore plus de volume à une église déjà très grande.
L’édifice possède également un très grand portique de 16 pi par 40. Peu d’églises au Québec en possède un, ce qui la rend encore plus unique. Ses trois arches majestueuses rappellent l’arc de triomphe. Le fronton classique au dessus de celle du centre donne du relief à la façade. Les trois niches sont un rappel intéressant de ces trois arches et les deux fenêtres jumelles de chaque côté de la niche du centre donne un ton de solennité au patron de la paroisse, saint Eugène 1er pape. On dit que la façade est une des réalisations les plus intéressantes des architectes Caron.
Élément plus rare également : deux tours surmontées de clochers de plan octogonal surprennent et rendent l’église plus imposante encore en lui donnant un élan vertical. Ces deux clochers de forme complexe attirent inévitablement le coup d’œil. Ces tours offrent une vue imprenable des quatre coins de la paroisse.
Les trois cloches du la tour de droite (Si, Do dièse et Ré dièse) furent installées en 1950 et ont un poids total de 1 645 livres. Elle proviennent de la Maison Dominique Cogné de Montréal au prix de 2 600 $. La cloche de la première église a malheureusement été remise en paiement partiel de ces trois cloches.
La bénédiction des cloches fut faite le 30 avril 1950 après qu’eurent été gravés les noms des curés, dont celui du curé Hector Joyal et des marguilliers Conrad Péloquin, Léo Rondeau et Alphonse Boulay. Le désir de posséder des cloches convenables était déjà d’actualité dès 1938… Encore de nos jours, ces cloches sont actionnées par des cordes suspendues…
Au fil des années, l’église de Saint-Eugène s’adapte aux besoins du culte et de la population
Sous la gouverne du Curé Maurice Rousseau de 1955 à 1961, l’église transforme sa vieille custode par un tabernacle de métal afin de satisfaire aux normes canoniques.
On oublie le projet d’acheter un orgue à tuyaux imposant d’une autre paroisse pour plutôt acheter un instrument électrique qui remplace le vieil harmonium utilisé jusqu’alors.
Les retombées du Concile Vatican 2 furent marquantes. Elles amenèrent entre autres une nouvelle liturgie qui était dorénavant en français.
Curé de la paroisse de 1961 à 1974, Elphège Lebel doit faire face à ces changements majeurs. Habile de ses mains, il va réaliser le nouvel autel pour les messes qui sont maintenant célébrées face au peuple. Celui de la sacristie sera réalisé plus tard par le curé Rémi Cusson. Le curé Lebel complète l’ensemble par un chandelier et un lutrin s’harmonisant au style de l’autel.
Il laissa aussi son empreinte par des inscriptions sur le plancher de l’allée centrale qui témoignent de son attachement pour la paix alors que le monde était en pleine guerre du Viêt-nam. (PAX)
Nous lui devons enfin l’installation des nouveaux luminaires ornés de fer forgé qui permettaient un meilleur éclairage lors des cérémonies.
La diminution de la population et de la pratique religieuse entraînent des réajustements dans l’utilisation de l’église. Face au coût élevé du chauffage durant la saison froide, on rénove complètement la sacristie pour y tenir les messes et autres célébrations au cours de la semaine. De bonne dimension, remeublée et rafraîchie, la sacristie devint une véritable chapelle.
En 1978 et 1979, l’église est au cœur des festivités du centenaire de la paroisse et de la municipalité. Décorée pour l’occasion, elle accueille des célébrations prestigieuses à grand déploiement.
Au cours des années suivantes, plusieurs festivités furent élaborées autour de l’église, tels les pique-niques sur le parterre de l’église.
La mise sur pieds du festival Automne en chanson en 1999 a permis à l’église de jouer un nouveau rôle, soit celui de salle de concert. Sa magnificence et son excellent acoustique ont servi de cadre à plusieurs concerts donnés par des artistes renommés comme Nathalie Choquette, la Sinfonia de Lanaudière, la pianiste Anne-Marie Dubois, Richard Abel, l’ensemble Amati et Charles Linton, Marc Hervieux, Geneviève Charest, Gino Quilico, Chloé Sainte-Marie et Bruno Pelletier.
Les transfert presque intégral du contenu mobilier de la première chapelle à la nouvelle église et les acquisitions faites au fil des ans ont permis à la Fabrique de se constituer un patrimoine remarquable qui témoigne de la culture religieuse de la communauté de Saint-Eugène.
Le maître-autel acquis pour la première église nous provient de Saint-Zéphirin-de Courval. Cette paroisse l’avait elle-même reçu en cadeau de la paroisse de La Nativité de La Prairie près de Montréal. Réalisé par le célèbre sculpeur Paul Jourdain dit Labrosse vers entre 1736 et 1747, cet autel est unique au Québec. Le ministère des Affaires culturelles du Québec a reconnu sa grande valeur en le classant Bien culturel en septembre 1979.
Ce maître-autel se compose de trois étages. D’abord les gradins et ses arabesques à motif végétal. Puis l’étalage avec ses trois niveaux de profondeur avec en avant-corps la monstrance dans toute sa splendeur avec une représentation du Créateur portant le globe terrestre et encadré de deux abondantes gerbes de fruits déversées par deux cornes d’abondance. Enfin, le couronnement qui constitue une niche voûtée au parois arrondies et ajourées où l’on retrouve de nouveau des motifs végétaux sculptés. Malheureusement, en 1950, on remplaça la custode originale en bois par un contenant métallique.
Au fils des décennies, de nombreuses couches de peintures sont venues enlever un peu de la finesse des éléments sculptés. Le Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa à fait restaurer il y a quelques années le jumeau de notre maître-autel réalisé pour Longueuil en 1741 et l’on peut y admirer toute la dextérité et le grand art de Jourdain dit Labrosse.
Notre église possède une collection de statues qui remonte aux débuts de la paroisse. Notons d’abord celle de saint Eugène provenant du réputé atelier montréalais de Petruci et Carli qui domine le maître-autel. La façade présente un ensemble statuaire remarquable. Œuvres en bois et métal du célèbre sculpteur Louis Jobin de Sainte-Anne-de-Beaupré, saint-Eugène, saint-Isodore et saint Louis-de-Gonzague veillent sur la paroisse depuis les premières années du vingtième siècle.
Un peu partout dans la nef et la sacristie, d’autres statues rappellent les dévotions particulières de nos ancêtres et celles de leurs pasteurs. Enfin il faut souligner un Christ en croix aux qualités hors de l’ordinaire par ses proportions, ses couleurs et le fait que le Christ ne soit pas encore mort…
Armoires et tiroirs de la sacristie et de l’église conservent un bon nombre d’objets servant aux différents exercices du culte : ciboires, ostensoirs, calices, reliquaires, ampoules aux saintes huiles, bénitiers, goupillon. De même des armoires regorgent de vêtements liturgiques somptueux et d’impressionnantes bannières et drapeaux utilisés lors des Fêtes-Dieu. Enfin, notons la présence de deux chemins de croix. Le plus ancien conservé dans la sacristie provient de la première chapelle. Le second, beaucoup plus imposant, meuble les murs de l’église. Constitué de plâtre, il provient sans doute d’Italie.
Provenant de la première chapelle, les autels latéraux et le tombeau du maître-autel datent de 1886 et ont été réalisés par les frères Giard. Les deux confessionnaux aux ornementations sculptées délicates furent réalisés par MM. Leclerc et Duff. Nous devons d’ailleurs à ce dernier notre chaire de style gothique qui s’harmonise avec la sainte-table provenant de l’église de Saint-Germain. L’église possède encore un chandelier pascal en bois d’ornementation sobre donc nous ne connaissons ni l’auteur ni la date de fabrication. D’autres pièces de mobiliers sont dispersées dans le chœur, la nef et la sacristie. Enfin, il ne faudrait pas passer sous silence la paire de fauteuils ornées de figures humaines qui sert aux officiants lors des cérémonies religieuses ou lors de la visite de l’évêque.
L’avenir de nos églises reste encore incertain. La diminution des fidèles rend celles-ci peu fréquentées et la jeune génération tend à déserter ce lieu de culte. Des églises sont même mises en vente depuis quelques années. Saint-Eugène ne fait pas exception. Les revenus de la Fabrique sont moindres et le bâtiment vieillissant demande de l’entretien, voire des investissements majeurs. On a même vendu le presbytère en 2005.
Qu’adviendra-t-il de notre église? Que lui réserve l’avenir? Pourtant nous y sommes tant attachés. Elle fait partie de notre vie! L’on y retourne pour un baptême ou un mariage, mais contribue-t-on à la dîme en retour? Quoi qu’il en soit, pour conserver ce monument centenaire si grandiose et magnifique qui caractérise tant la municipalité de Saint-Eugène, chacun devra contribuer pour que cette église reste au service de la communauté pour les générations à venir. Peut-être que ces dernières sauront y trouver un intérêt renouvelé, pour que soit conservé le plus longtemps possible ce précieux héritage…
En quelque région, quelque lointain rivage,
Où la nacelle de mes jours veuille aborder,
Vivrais-je encore cent ans, jamais je n’oublierai
L’église de chez nous, joyau de mon village!
R. Gravel, F.M.S.
De loin, on aperçoit les deux clochers d'une église. Signe de l'existence d'un village... Tel un phare, la construction imposante semble guider entre seigneuries et cantons. C'est un temple qui a été témoin de l'évolution d'une société et qui se fait gardien de la mémoire religieuse d'une paroisse. Fêtes, événements heureux ou tristes, tout semble y être relié, et c'est pourquoi les gens qui l'admirent depuis tant d'années ont un attachement sans limite pour cette église. Et pour cause : la forteresse garde en ses murs des trésors patrimoniaux extraordinaires et cache des merveilles architecturales dont l'esthétique est unique. Les gens ont bien raison d'en être fiers. Voici donc l'histoire d'une église centenaire au Centre-du-Québec, celle de la municipalité de Saint-Eugène...